jeudi 11 octobre 2012

De la neige à Paris 3

Après moult tergiversations, moult emails sur le moment hautement culturel de notre séjour à Paris, avec mes copines nous nous sommes mises d'accord sur le Musée d'Art Moderne. Bon alors moi, l'art moderne... moi je voulais aller au conservatoire des arts et métiers, NA!!! non mais n'empêche, n'ayant jamais mis les pieds là-bas sauf pour des expositions temporaires, c'était tout de même une bonne occasion à ne pas rater. Et puis un musée sans les enfants, c'est tellement rare!
L'art moderne, l'art moderne, l'art moderne. Définitivement je suis hermétique. Mais il y a une explication toute simple à cela. Déjà au lycée, en cours de français j'étais une nullité extrême en explication texte. Rappelez-vous, on nous demandais d'analyser un texte et de tergiverser sur 3 pages sur ce que qu'avais voulu dire l'auteur, et blablablabla. Mon problème c'est que même si je savais ce qu'il y avait derrière tel ou tel texte puisque étudié précédemment et bien moi je reste toujours sceptique. genre: "mais... vous avez des preuves? un texte explicatif certifié avec témoins de l'auteur?". Même combat lorsque j'étais à la fac en analyse filmique où alors là j'atteignais des sommets de scepticisme.
Bref, devant certains tableaux et bien je me dis que ouah certains artistes sont vraiment atteints. Attention là, je ne juge pas l'intégrité des oeuvres elles-mêmes mais parfois le cheminement pour faire passer le message me parait sincèrement et profondément alambiqué. Alors je vais passer pour une rustre mais vu certaines interprétation, je me suis finalement cantonnée à faire ce que je fais de mieux: voir autre chose que ce qui est représenté.

Ce qui me fait plaisir c'est que je ne suis pas la seule à rester dubitative. Ainsi ici: M-Red devant La chasse interdite de Joan Mitchell qui invite à réfléchir à son rapport à la nature, au temps, à l'espace. Oui oui biensur. Malgré tout c'est une des toiles que j'ai préféré, mais que je n'aurai jamais chez moi parce qu'il faut quand même de la place pour poser un polyptyque... alors priorité à un atelier couture de la mort qui tue.


Ensuite j'ai eu le plaisir de constater que ceux qui nous gouvernaient (et peut-être même ceux qui nous gouverne) ont vraiment un grain. La preuve par Agam, l'aménagement de l'antichambre des appartement privés du Palais de l'Elysée pour le président Georges Pompidou. Mais biensur... okay, moi on me met 10 minutes dans cette pièce et croyez-moi je pète un câble.


Un petit clin d'oeil à la couture même au musée avec Tutto (tout) de Alighiero Boetti avec cette broderie à la main sur lin. Alors cela représente l'unité et la multiplicité, la cohésion et la dispersion, l'harmonie et la dissonance. Des milliers de formes figuratives et abstraites, plus ou moins identifiables, s'imbriquent en une composition "all over" et bariolée que dicte le seul agencement progressif de leurs contours. 


L'artiste utilise la sous-traitance à des brodeuses afghanes. C'est vraiment impressionnant et en bonne blogueuse, je me dis que :
- demonté du cadre je pourrais en faire un super cabas
- que ça vaudrait une sélection sur abracadacraft
- est-ce qu'il y a un tuto?
Pour ne rien vous cacher, il n'y a pas de tuto et la salle est surveillée.

Ensuite j'ai vu quelque chose qui me fait penser que surtout surtout surtout ne m'envoyez pas  une croûte comme Bewtiful and Stwong de Peter Saul. Alors là, j'ai envie de vous dire: "n'y voyez pas le fantasme de l'homme, mais plutôt le délire de l'artiste". Et pour décidément paraphraser mon ami Pierre: "C'est cela, oui, c'est cela".
Donc Paul Saul fait de l'indécence sa stratégie artistique et de l'insolence l'âme de sa peinture, indifférent à l'expressionnisme abstrait qu'il juge en pleine dérive décorative. Lui aussi d'ailleurs devait être en pleine dérive, sur un radeau, sans eau ni boustiffaille depuis 7 jours, de là le délire. Tout s'explique. Ah non, pardon, excusez-moi, il est sein d'esprit... ça fait peur hein? Bon allé je vous donne la réponse, dans cette oeuvre voyez un espoir de reconnaissance des noirs américains par l'union de la beauté et de la force.


Ah un petit clin d'oeil aux fans avec ce mobilier années 50:  la chaise tulipe de Eero Saarinen, Diamond Chair de Harry Bertoia, Panton Chair de Verner Panton.



Toujours dans l'optique d'avoir 8 mètres de mur à la maison, j'opterai aisément pour Tabula de Simon Hantaï. Alors je vous passe l'explication de ce que cela représente, pourquoi et comment, mais sachez que l'oeuvre est habitée par le souvenir du motif à carreaux du tablier traditionnel hongrois que portait la mère du peintre. Okay... bon moi je vois la faïence du fond d'une piscine et je trouve cela très reposant, surtout qu'il fait très chaud dans ce musée et que je piquerai bien une tête.



Autre pièce absolument magnifique que je placerai bien dans la chambre conjugale, le Monochrome de Klein. 


La fin de la visite se termine en beauté avec un de mes artistes fétiche: Nicolas de Staël avec Les musiciens, souvenir de Sydney Bechet. Si vous ne connaissez pas, je vous invite à découvrir cet artiste... qui parle, enfin me parle et je peux vous assurer qu'ils ne sont pas légions dans ce musée.


La visite est terminée. Mais non!
Il reste l'expo temporaire. Alors là... place à Bertrand Lavier. C'est très... heu... bref. Comprendre qu'on fait le tour en 10mn, 55 oeuvres exposées, on a mal aux pieds! Mais Bertrand a cet avantage de me réconcilier avec l'art moderne, figurez-vous que l'oeuvre porte vraiment le nom de ce qu'elle représente. Oui parce que un Braque c'est déjà moins évident de deviner si vous n'avez pas le titre en police 7 à côté du tableau.

Canapé sur congélateur...



Et puis sachez que vous pouvez venir avec votre nuancier puisqu'il peint des murs entiers en indiquant le nom: mandarine par Duco et Ripolin.


Il y a aussi Ted qui me fiche quand même les boules, genre film d’horreur avec la peluche possédée. 


et le papier peint sur mur Cole and Son. Pour faire la même chose dans mon salon, j'ai pas fini de faire des triangles avec du scotch. Bon, je dois dire que c'est ce qui m'a le plus plu dans l'expo qui lui est consacré.


Voilà, pour l'art. C'était chouette mais mes pieds sont en compote. Direction la théâtre avec les copines pour Le jeu de la Vérité que je vous conseille mais qui - attention - vous laissera songeur à la fin. J'ai amené les filles dans un petit resto du type paie pas de mine, minable en fait, mais diable comme c'est bon, donc si vous êtes sur les grands boulevards et que vous avez envie d'un bon couscous vous pouvez aller chez Ma bicoque Rue renée boulanger. Samedi soir c'était la nuit blanche à Paris, avec les copines on avait tellement le ventre gonflé de couscous qu'on a préféré rentrer à l'appartement (et le temps était pourri) ce qui fut l'occasion d'une promenade ultra digestive! (oui encore une petite rando pour éliminer).

15 commentaires:

  1. Ah.
    Hum.
    Le truc c'est que moi j'aime l'art contemporain, et que je vendrais un de mes enfants pour un Rothko (un vrai, pas l'affiche que j'ai au bureau), voire un rein pour une litho de Soulages.
    Donc j'adoooore ton post, il me donne envie de retourner audit musée. J'aurai une pensée émue pour toi à ce moment là :)

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  2. Aussi dubitative que toi, mais je te prendrais bien comme guide!

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  3. Charlotte Castaing11 octobre 2012 à 09:11

    "C'est là que je me rends compte que je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc !"

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  4. ha tu m'as fait trop rire avec ton sac cabas... mais c'est vrai qu'en sac il déchirerait ce motif !!
    et on doit pas s'ennuyer au musée avec toi ;-)

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  5. bon alors, pour le coup je suis tout à fait d'accord avec toi... l'art moderne, c'est cela oui bien sur...

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  6. La suite... la suite...
    A très bientôt,

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  7. moi je suis une grande fan des chaises !!!!!!
    et j'aime bien les carreaux de piscine apaisants ;o))
    en tout cas, je me suis bien marrée à te lire ;o))
    allez repose toi va, tu l'as bien mérité...

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  8. Géniale ta visite assez inusuelle du musée d'art moderne. J'ai bien rigolé, juste je ne suis pas sure qu'il retienne ton commentaire … ou qui sait ?

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  9. merci pour cette visite en ta compagnie.... bon sang, ça fait deslustres que je n'ai pas fait ce genre de balades....

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  10. Moi je suis plutôt comme ma collègue d'Au fil du canal, inconditionnelle des noirs de Soulages... Hantaï a fait de superbes toiles basées sur le hasard, j'en suis fan!

    En tout cas, tu m'as convaincue, prochaine virée à Paris, je me garde un créneau pour Beaubourg!

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  11. Mouais !!! Ben moi aussi ça me laisse dubitative...

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  12. Ah, ah ! Alors, vous me ferez la dissertation suivante : "l'art est-il question de goût ?"

    Et mince, j'aurais du être prof de philo moi...

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  13. Et moi qui croyais que tu étais hyper intéressée à prendre en photo toutes les explications à côté des tableaux (explications que je n'ai évidemment pas lu)....Cela dit le monochrome de Klein est vraiment beau. Je ne comprenais pas pourquoi il était si réputé avant de le voir.

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  14. Oh punaise j'en ai recraché ma tisane de rire !!

    Nous sommes vraiment dans le même état d'esprit, et pour l'analyse littéraire et pour certaines formes d'art moderne... mais je peindrais bien des carrés bleus à exposer si ça finançait mes compulsions dans l'antre de la perdition ^^

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  15. Chouette post! En fait, tu pourrais faire guide au Musée d'art moderne! Tu ferais aimer l'art moderne à plus d'un récalcitrant!
    Moi il y a des choses qui me touchent et d'autres pas du tout! La prochaine fois demande moi je te donnerai les tuyaux sur les dernières expos visitées! Je pense effectivement que celle de la Fondation Cartier t'aurait plus.
    Une affaire de goût? Tu nous la fais cette dissert'?

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