Il y a peu j'ai vu un reportage aux info sur le concept de la discipline positive made in U.S.A.
Kesako?
Basée sur les grands principes d'Alfred Adler, psychiatre autrichien du début du XXème siècle, la discipline positive est un modèle, ni punitif ni permissif, proposant un ensemble d’outils de l’encouragement.
En gros, la société a évolué mais nous, parents ou grand-parents, campons sur les bases de notre éducation qui sous-entend une obéissance parfaite de l'enfant tandis que notre société s'est démocratisé vers plus d'égalité. Les jeunes d'aujourd'hui ne sont plus dans la soumission (à distinguer de l'obéissance) et la discipline positive fixe un cadre et des limites sans être ni punitive ni permissive permettant à l'enfant de se développer avec les ressources nécessaire pour s'épanouir dans un cadre privé ou plus globalement dans un cadre d'actif de notre société. Vous l'aurez compris tout est basé sur les droits de l'enfant.
Pour faire court:
*pas de fessées: "Tiens maintenant tu sais pourquoi tu pleures!"
*pas de chantage: "Viens te coucher ou sinon je confisque tous les DVDs"
*pas de menace: "Tu vas voir quand ton père va rentrer" (ce qui peut également être compris dans le sens "mais qu'est-ce qu'il fout? Pourquoi il n'est pas rentré ce pignouf!")
ce qui se résume par: NO VIOLENCE corporelle ou psychologique.
Comment on fait?
Déjà, on peut faire un stage pour apprendre la technique permettant de passer outre notre héritage culturel et d'appréhender l'enfant dans son individualité.
Bref avec cette technique on cause, on est gentils et compréhensifs. Rien de plus. Et taaaadaaaam... il parait que ça marche!
Mon opinion là-dessus (et celle de Loulou) est assez tranchée: "hééé bééé on n'est pas sorti de l'auberge."
Avant de commencer à développer mon point de vue, je tiens à souligner le fait que nous ne sommes pas des bourreaux d'enfants, que nous donnons rarement des fessées, que nous privilégions les punitions et le coin. Tout est toujours très court et on se réconcilie vite.
Je me permets de reprendre les trois exemples cités plus haut et comme ça, j'imagine ce que ça pourrait donner en live:
Ma fille pleure, je ne pige pas le pourquoi du quiquequoidontoù mais comment elle pleure parce qu'elle s'étouffe dans sa morve. Je lui demande de se calmer, de me dire si elle s'est fait mal, si sa soeur lui a fait mal, si elle a fait pipi dans sa culotte, si elle a casser un jeu, si sa soeur a rayé un DVD de Barbie, si... bref j'envisage TOUTES les possibilités en 3 minutes mais je ne pige toujours pas pourquoi elle pleure.
En temps normal, je hausse le ton: "A 3 tu as fini de pleurer sinon tu vas au coin. 1... 2... " Je n'ai pas besoin d'aller plus loin, le chagrin est oublié.
Avec la discipline positive je dirai en articulant bien à ma fille: "tiens prends un mouchoir. Oui tu souffres, moi aussi je souffre quand tu souffres. Mais que se passe-t-il? Ta soeur t'a-t-elle fait du mal? Es-tu tombée dans l'escalier? As-tu encore effacé tous les contacts de mon iphone? Mais allonges toi sur le divan et dis à maman ce que ne vas pas?..." En gros on discute pour noyer le poisson et que ma fille si elle ne crache pas le morceau est au moins saoulée de paroles et elle invente une excuse bidon pour se faufiler dans sa chambre.
C'est parfois la galère pour coucher ma fille. On marchande un peu (mais on est des commerciaux et on gagne presque tout le temps), elle nous grapille quelques minutes et nous on fait mine qu'on est trop gentils. Mais l'heure c'est l'heure (et puis nous on voudrait bien être peinards!) Au moment du coucher soit 20h: "c'est maman qui me couche" (l'enfoirée c'est presque toujours moi qui m'y colle et quand elle ploufe c'est pipé!), ensuite on lit une histoire: "mais elle est pas longue, elle fait pas beaucoup de pages", puis "maman tu me fais le sandwich" (un truc à nous qui consiste à se faire des papouilles), après - c'est nouveau - on fait la prière : "mais je ne connais pas de prière maman!" (grumf) et enfin "calin, bisou"... et arrivée devant la porte: "tu dors tout de suite, tu ne sors pas de ton lit, okay? sinon, il n'y aura plus de DVD après l'école, je les prends et je les cache, okay?" Invariablement elle me dit: "oui maman" et invariablement je remonte grogner après elle: "qu'est-ce que tu fais? vas dans ton lit, Chut, t'es encore aux toilettes?" Je ne vous la fais pas hein, vous connaissez la chanson.
Avec la discipline positive... quand j'entends les pas de la souris qui est sortie de son lit et que je remonte pour mettre un peu d'ordre dans ce souk et bien là... je m'assoie au bord de son lit, je lui parle, lui explique que demain elle sera fatigué pour aller à l'école, qu'après elle sera grincheuse, qu'elle travaillera mal à l'école, que son avenir sera pourri à cause de ça (non à la réflexion peut-être pas cette dernière réflexion), que le sommeil c'est très important pour l'organisme, que pendant qu'elle dort elle recharge ses batteries... Je lui caresse le front, lui chante des chansons. Bref, elle s'est endormie saoulée par mes paroles, il est 23h et ma soirée est à l'eau. Il me reste la vaisselle à faire, ranger un peu la pagaille et remiser la cousette que j'avais sorti entre 20h20 et 20h25 et dans un soupir je me dis: "demain peut-être..."
Vous devez savez savoir que quand un enfant a quelque chose en main, l'autre le veut forcément. Bon et bien, ma dernière louloute qui n'a pas encore 2 ans fait partie de ce lot et elle a de la voix. Et la grande ne lui cède pas le jouet alors que je lui ai expliqué 1000 fois que si elle le lui donnait et en prenait un autre qui aurait l'air vachement mieux, la petite balancerai le premier jeu au profit du second et elle pourrait récupérer son jouet. Alors à 18h30 j'ai la tête comme une cocotte-minute! Ca fume par les oreilles! Comme je suis généralement en cuisine à cette heure là, j'avoue être trop près des couteaux donc je passe à la menace: "tu vas voir quand papa va rentrer". En général à l'arrivée du prince vengeur sur sa trottinette blanche qui intervient 30 minutes plus tard, on est déjà à table et le silence est quasi-religieux. Ce qui - comme par hasard - me ferait passer pour une mytho si je rapportais à leur père qu'elles ont été infectes!
Avec la discipline positive, je poserai mes couteaux et irai disserter avec mes filles sur la notion du partage, au passage je choperai l'iphone et : "allo Loulou, tu passes chez KFC stp. Oui on fait un conseil de famille avec les filles. Oui encore. Oui je sais c'est le 5ème cette semaine mais tu dois être positif. Je ne veux pas les frustrer, qui sait ce qu'elles pourraient devenir plus tard si nous n'avons pas cette discussion immédiatement: voleuses ou fétichistes de Barbie..." Oui, ainsi je ne rapporterai pas à leur père, nous serons tous ensemble autour de la table à discuter posément. Nous aurons la certitude qu'elles se partageront un prix Nobel de la paix, et elles se demanderont simplement quel jeu elles ont dans leur box.
Il faut que je vous dise que depuis que nous avons vu ce reportage avec Loulou, nous positivons - à la légère- notre vie quotidienne:
-"le VAS TE COUCHER avec le sourire à 100 000 balles, c'est assez positif tu penses?"
- "ben là... tu fais un peu peur quand même, on dirait le joker dans Batman"
On se permet d'en rire parce que je pense que notre approche avec les enfants est assez seine. Nous ne les battons pas, loin de là, mais nous savons poser les limites avec des punitions adaptées à l'âge et dans des délais très courts pour l'instant. J'ajoute que nous allons presque toujours au bout des menaces si elles ne sont pas raisonnables mais dans 98% des cas, elles le sont. Nos filles chaque jour tentent de repousser les limites, nous nous gardons la frontière. Parfois nous dialoguons mais nous sommes loin des grands discours. A 4 ans 1/2 et presque 2 ans, elles ne peuvent pas percevoir toutes les conséquences de leurs actes, je n'ai pas envie de les saouler avec ça, de les responsabiliser trop tôt (genre: comment ta chambre que tu ne ranges pas n'est que le sombre miroir du chaos mondial). On est juste nous même. Peut-être qu'un jour elles nous diront combien elles ont été traumatisées, mais... je parie plutôt sur la frustration de ne jamais avoir reçu en cadeau une paire de Louboutin à Noël que sur une fessée.